La ministre déléguée à la Santé, Agnès Firmin Le Bodo, a inauguré les Assises en dialoguant avec Luc Carvounas, président de l’Unccas, Arnaud Robinet, président de la FHF, Sophie Boissard, directrice générale de Clariane, et Eric Chenut, président de la Mutualité française. Le président de l’Unccas a salué cet échange.
L’inadaptation de la société au vieillissement et les défis immenses à venir
Lors de cette séance inaugurale, le consensus était unanime sur l’inadaptation de notre société au vieillissement et les défis immenses à relever pour y faire face. La question de la place de nos aînés dans les établissements publics et privés et à domicile rassemblaient les intervenants, qui ont appelé à l’action face à des Ehpad, aujourd’hui, en situation critique, ultimes recours face à la grande dépendance. Il est urgent de remettre à plat leur modèle économique.
Le rôle important de la prévention a également été souligné, notamment par Eric Chenut, Président de la Mutualité française. Le besoin de prise en soins en Ehpad, dans les Ssiad, dans l’ensemble de la chaîne du domicile à l’Ehpad est beaucoup plus lourd. La question se pose de savoir si nos Ehpad sont encore des établissements médico-sociaux ou des unités de soins longue durée (USLD) ne disant pas leur nom. La France investit un tiers de moins que d’autres pays européens dans la prévention alors que l’enjeu est crucial tant pour les personnes que pour les professionnels. Il est nécessaire d’investir. C’est un enjeu crucial d’attractivité pour faire face à la transition démographique.
« La pyramide des âges nous oblige. Nous devons faire évoluer la donne pour la société du bien-vieillir », Luc Carvounas
Après le salutaire rappel que 44% du champ des Ehpad relève du domaine public, l’Unccas, association d’élus, a demandé une vraie programmation, une véritable politique nationale pour préparer la société du bien-vieillir. Et le président de l’Unccas d’appeler à se mettre autour d’une même table.
Luc Carvounas s’est fait l’écho des difficultés majeures du secteur qui reviennent trop souvent en bureau national de l’Unccas. Ces échanges et alertes ont été remontés par l’Unccas lors du Conseil national de la refondation (CNR), au sein du conseil de la CNSA et ailleurs. Aujourd’hui, nous sommes au pied du mur. Les budgets doivent être votés à l’équilibre. Or, in fine, ce sont bien les CCAS, qui à coups de subventions, épongent les déficits.
Les CCAS sont, par ailleurs, confrontés à une augmentation des demandes d’aides facultatives en tous genres (alimentation, énergie, etc.). Au-delà des Ehpad, ils gèrent de nombreux autres équipements de proximité. Ces mêmes équipements qui font le service public de proximité sont tout aussi indispensables au maintien de la cohésion et de l’attractivité de leur territoire.
Luc Carvounas a alerté sur le fait qu’après l’asphyxie financière le risque était celui de la fermeture pure et simple.
L’Unccas a également martelé que ce qui fait la vraie valeur d’un établissement, c’est son personnel, des hommes et des femmes, qui au quotidien sont confrontés à l’augmentation du niveau de dépendance de leurs résidents, qui voient arriver de jeunes intérimaires dans le service, qui se demandent si l’herbe ne serait pas plus verte ailleurs.
Seul un soutien massif de l’Etat permettra de faire évoluer les conditions de travail et de rémunération des agents.
Seules de réelles perspectives d’évolution dans ces métiers du soin au sens large nous permettront de faire évoluer collectivement l’image même de l’Ehpad dans l’opinion publique. Des métiers qui restent des métiers de proximité non délocalisables dont nos villes et leurs habitants ont besoin.
L’Unccas a fait des propositions en ce sens dans la perspective du PLFSS 2024 : compensation par l’Etat des hausses de salaire, ouverture d’au moins 18.000 postes supplémentaires dans les Ehpad d’ici 2024, instauration d’une norme minimale d’encadrement de 8 ETP pour 10 résidents, transformation de la réduction de 25% sur les frais de résidence en Ehpad en crédit d’impôt.
L’évolution nécessaire des Ehpad
Agnès Firmin Le Bodo a souligné qu’il n’y a plus de sujet sur la nécessité des Ehpad dans les parcours de vie, tout en ajoutant qu’une évolution des Ehpad s’avère nécessaire. La transition démographique est connue de tous. Le système de santé doit également se sentir concerné par la transition écologique. L’attractivité des métiers passe par l’attractivité des formations. L’entrée dans ces métiers est possible, pour certains d’entre eux, par l’apprentissage. La formation doit évoluer. Un grand travail est à réaliser avec les régions. Un autre enjeu réside dans la formation continue ou encore celle relative aux soins palliatifs appelés de leurs vœux par les professionnels. Ces métiers sont porteurs de sens.
Elle est également revenue sur la volonté politique de renforcer la prévention passant par les trois rendez-vous prévention votés dans le dernier PLFSS. Il faut anticiper l’entrée dans la dépendance et travailler sur les pré-fragilités ou encore développer le plan antichute, plutôt reconnu comme un succès par tous les acteurs.
« En mettant tous les acteurs autour de la table, nous arrivons à faire des choses qui fonctionnent », Agnès Firmin Le Bodo
La ministre est revenue sur la nécessité d’encourager les personnes âgées à mobiliser leurs ressources le plus longtemps possible et les aider à réaliser ce qui compte le plus pour elles.
Elle a enfin profité des Assises nationales des Ehpad pour remercier l’engagement des collectivités sur le bien-vieillir. En réponse à l’Unccas, elle a précisé que la société du bien-vieillir, c’est l’exemple même d’une société d’aménagement du territoire. Notre société doit s’adapter au parcours de vie des personnes et être capable d’adapter nos villes au vieillissement démographique.
« Il faut redessiner la ville pour accueillir nos séniors », Luc Carvounas
L’Unccas demande une vraie politique nationale pour préparer la société du bien-vieillir.
Le président de l’Unccas et Luc Broussy se rencontreront pour échanger ensemble le 20 septembre prochain.
Luc Carvounas a rappelé que des propositions d’amendements pour les PLF et PLFSS sont déposées à l’Assemblée nationale et a interpellé la ministre pour obtenir des résultats. Il l’a enfin invité au congrès de l’Unccas 2024 qui se tiendra au Havre.