L’alimentation saine est un enjeu majeur et un impératif social, c’est pourquoi le CIAS Sud de La Réunion a mis en place un lieu d’accueil, d’écoute et d’échanges, ouvert à toute personne en situation de rupture financière.
Principaux objectifs
L’objectif principal est de répondre à une problématique de société et de santé publique qui est de lutter contre la précarité alimentaire.
Contexte
La crise sanitaire a souligné les difficultés économiques rencontrées par une partie des français. Ainsi, le baromètre annuel sur la pauvreté en France du Secours Populaire réalisé avec Ipsos, confirme les effets de l’épidémie sur les personnes en situation de précarité : un tiers des Français déclarent avoir perdu des revenus. Depuis le début de la crise sanitaire, l’association a fourni une aide alimentaire à 1 270 000 personnes, dont 45% n’avaient jamais franchi la porte du Secours Populaire.
Face à la diversité des situations de personnes concernées par la précarité alimentaire en France et dans les DOM, de nombreux dispositifs d’aide alimentaire se sont développés. Parmi eux, les épiceries sociales et solidaires se sont structurées autour d’un principe : proposer en libre-service des denrées contre une participation financière proportionnelle à la valeur des produits.
C’est dans ce cadre que la direction déléguée à la performance et à la modernisation du CIAS souhaite s’inscrire en développant un projet innovant autour d’une Épicerie Sociale Solidaire et Itinérante (ESSI).
Le projet de territoire dans son axe solidarité, fait référence à la lutte contre les exclusions par le biais de l’alimentation. Ainsi, développer une épicerie sociale vient s’inscrire en cohérence avec les projections de développement de l’intercommunalité et ce au vu des données économiques et sociales.
En 2018, 38,9 %4 des réunionnais vivent sous le seuil métropolitain de pauvreté. Après avoir nettement reculé entre 2007 et 2017, de même que les inégalités de revenus, le taux de pauvreté reste stable en 2018.
Le marché du travail s’est en effet dégradé. La pauvreté reste beaucoup plus importante qu’en métropole (15 %) et qu’en Martinique (30 %), car le déficit d’emplois demeure important sur l’île. C’est particulièrement le cas dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville et dans de petites communes rurales, où l’emploi est rare : plus d’un habitant sur deux vivent sous le seuil de pauvreté dans les quartiers urbains.
Les dernières statistiques relevées sur le territoire de l’intercommunalité fait apparaitre un taux de pauvreté de 40 %.
Si on ouvre la focale par ville, on constate un taux de pauvreté disparate mais toujours aussi important, avec un niveau particulièrement élevé pour la commune de Cilaos, Saint-Louis, Petite-Île et Saint-Pierre.
Dans le cadre de l’itinérance mis en place dans cette action, il a semblé important de faire un focus sur les quartiers de ces communes qui sont les plus touchés par le taux de pauvreté. Par ailleurs, les habitants qui cumulent les difficultés économiques se trouvent à l’écart de la ville. Trois groupe de quartiers ont été identifiés.
Description / Fonctionnement de l'action
L’accueil
L’accueil s’appuie sur des critères basés sur la situation sociale de l’administré et non sur sa situation géographique. Le règlement intérieur liste ces critères afin d’objectiver les entrées et les sorties mais également afin de créer une équité au sein des différents territoire de l’intercommunalité.
Bien que toutes personnes puissent être concernées par la notion de rupture financière, le CIAS a distingué plusieurs catégories d’administrés potentiellement concernés par la précarité alimentaire :
- les familles monoparentales,
- les personnes seules,
- les bénéficiaires de minima sociaux,
- les personnes âgées,
- les étudiants,
- les travailleurs à faibles revenus.
L’épicerie sociale est un moyen de tisser du lien social ainsi le travailleur social aborde les questions de santé, d’éducation, du bien être alimentaire, l’importance de manger sain… et organise des ateliers collectifs (ateliers cuisine, créatif, esthétique…). Le CIAS recréer du sens, du lien, de la convivialité.
Ainsi, les missions se scindent en 2 deux parties :
MISSION PRINCIPALE : l’aide alimentaire et l’accompagnement éducatif budgétaire, autrement dit favoriser l’autonomie financière et alimentaire des familles
MISSION SECONDAIRE : l’accompagnement sociale qui consiste à créer du lien en alliant accès à l’ESSI et
proposition d’atelier ou animation sur différents thèmes
Les partenaires sociaux ont la charge de l’analyse socio-économique des administrés en situation difficile et qui nécessitent un suivi au sein de l’ESSI. Les prescripteurs sociaux sont les équipes des Services d’Hébergement et d’Accueil Temporaire (SHAT), la Maison Relais (MR) et en externe les services de Centre Communal d’Action Social (CCAS) de l’agglomération, la Caisse d’Allocation Familiale (CAF) et la Maison Départementale (MD).
L’itinérance
L’innovation consiste en la mise en place de l’itinérance. Pour rappel, l’offre d’épicerie sociale sur le bassin territorial de la CIVIS est nul, l’itinérance inexistante.Cela ne veut pas dire que rien n’est fait, bien au contraire. Les CCAS luttent activement contre la précarité alimentaire par l’attribution de colis alimentaires, ou encore de livraison de repas pour le personnes âgées… L’avantage de l’épicerie mobile permet aux administrés éloignés de bénéficier d’un service au plus près de leur domiciliation tant pour l’alimentation que l’accompagnement social. Les bénéficiaires peuvent passer commande de leurs besoins en produits alimentaire et non alimentaire auprès du travailleur social.
L’épicerie itinérante se présentera comme un commerce de proximité classique qui va à la rencontre des habitants. Pour cela, deux formes d’activités sont proposées : l’épicerie sociale et la livraison de denrée alimentaire. En effet, l’ESSI est localisée dans la commune de Saint-Pierre. Elle pourra y accueillir le public dans un cadre serein et respectueux. Elle permet à un public en difficulté économique de réaliser ses courses et de choisir les produits qu’il souhaite consommer à un tarif réduit à 10 % de la valeur
initiale du produit.
Par ailleurs, la structure est « fermée » les après-midis afin de permettre à l’équipe de se rendre au domicile
des personnes situées dans les quartiers prioritaires ou dans les écarts de l’agglomération. En effet,
l’accompagnement se font au domicile de l’usager ou au sein du camion. Dans tous les cas, les denrées
alimentaires sont amenées à l’administré : c’est le service qui va en direction du public.
Les paniers bio
Le volet alimentation qui est le cœur du projet propose des produits issus de grande surface par de l’achat direct ou de la collecte. Parallèlement, nous privilégions les circuits courts entre les producteurs locaux et les consommateurs les plus isolés, en s’incluant dans les projets alimentaires territoriaux.
Notre objectif est de relocaliser l’alimentation et de reconnecter l’offre et la demande par la création d’un partenariat avec des producteurs agricole « bio » à travers des circuits courts.
En effet, nous proposons des « Panier BIO fraicheur » en partenariat avec des producteurs locaux. Il s’agit de composer un panier comprenant des fruits et légumes ayant reçu le label « bio ». La taille de se panier varie en fonction de la composition familiale. Le surcout est supporté par la structure. Ainsi, il est possible de rendre accessible des denrées de qualité et des produits frais à moindre coût pour les usagers. Selon les rapports successifs rendus par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et la Food and Agriculture Organization (FAO), il est désormais avéré que les produits bio comportent des teneurs moindres en nitrates et en résidus de pesticides que les produits non bio. Il est aussi essentiel de se pencher sur les questions environnementale. Concrètement, l’agriculture bio permet de protéger les sols et de réduire l’érosion… Le CIAS souhaite, par le biais de ces paniers fraicheurs et d’ateliers, sensibiliser la population aux avantages d’une alimentation équilibré et saine, mettant en avant le lien santé et la nutrition. D’autant que la Région Réunion est la région la plus touchée par l’obésité : la fréquence régionale des patients pris en charge pour un diabète est deux fois plus élevée que la moyenne nationale.
Bilan
Perspectives d’évolution :
L’Épicerie souhaiterait créer (ou passer un partenariat) avec un chantier d’Insertion œuvrant dans l’alimentation. Sera mis à disposition une partie de la parcelle afin qu’un jardin partagé puisse être créé. Les produits récoltés seront alors donnés gratuitement au bénéficiaire de l’Épicerie. Ici encore, un travail sera fait autour de la valorisation des produits alimentaires issus de l’agriculture biologique.
Le CIAS souhaite créer le premier « DRIVE SOCIAL » accessible via une application mobile. À travers la mise à disposition de cette application, c’est permettre aux plus démunies d’accéder aux nouvelles formes d’e-commerce. La Réunion, depuis cette crise sanitaire de 2020 connaît une expansion massive des sites et commandes en ligne. L’objectif est de réduire cet écart en apportant ce nouveau service aux personnes en difficulté socio-économique et/ou isolées avec livraison dans les communes concernées par le projet.
Moyens
Moyens humains
- Une conseillère en économie social et familiale : la CESF est formé à mener des ateliers collectifs et elle dispose des compétences nécessaires à l’accompagnement éducatif budgétaire. Elle a les outils utiles sur le budget et travail sur le quotidien de la personne : santé, alimentation, logement. Elle transmet au référent social les données constatées afin de compléter le suivi initial. La CESF a un rôle de complémentarité dans l’action et le suivi de l’usager en lien avec les divers organismes sociaux qui orientent les bénéficiaires dont le suivi est mis en place.
- Un magasinier-régisseur
- Un parcours emploi compétence (PEC)
Moyens materiels
- Un fourgon
- Un local
- Du matériels de fonctionnement (frigo, thermomètre, congélateur, chariot, présentoir, etc.)
Les outils pour évaluer l'action
- Un fourgon
- Un local
- Du matériels de fonctionnement (frigo, thermomètre, congélateur, chariot, présentoir, etc.)
Les outils pour évaluer l'action
Des critères d’évaluation ont été considérés afin de garantir une réflexion globale à la construction de ce projet